Le problème du mal-logement est un défi immense
Ingénieur civil depuis 2012, Edzer a intégré l’Ojucah depuis presque 20 ans. Il est aujourd’hui le secrétaire adjoint de cette organisation haïtienne, partenaire du projet multi-pays Action pour l’Habitat. Le domaine de prédilection d’Edzer, ce sont les chantiers, qu’il encadre en tant que technicien de construction. Homme de terrain, il nous confie sa vision du projet Action Pour l’Habitat, ses répercussions pour sa communauté – La Vallée, dans le Sud-est d’Haïti – et ses espoirs pour l’Ojucah et les personnes défavorisées.
« Grâce au projet, j’ai rencontré beaucoup de monde et je suis très connu aussi. J’ai une très bonne réputation en tant qu’ingénieur. C’est valorisant pour moi. Et cette reconnaissance me profite aussi dans ma vie professionnelle. Mais le plus important, c’est qu’on a aidé beaucoup de personnes qui vivaient dans de mauvaises conditions. C’est là notre principale motivation.
Même si l’on est bénévoles, les habitants nous considèrent d’une manière particulière, comme si nous étions sénateurs, députés, magistrats ou même comme le président ! C’est que pour eux, nous pallions les carences de l’Etat en quelque sorte. Nous travaillons pour le développement de la communauté.
Mon rôle principal avec l’Ojucah est d’assurer le suivi technique et l’encadrement des chantiers. Je suis souvent sur le terrain et je mets toute mon énergie pour m’assurer de la bonne exécution des projets. Comme ingénieur civil, je fais en sorte que les constructions soient solides, qu’elles soient complètement sûres pour les habitants.
Les personnes bénéficiaires du projet de construction étaient vraiment dans des situations difficiles, surtout pendant la saison des pluies. Ils n´avaient pas de coin où dormir, ils n’étaient pas à l’abri dans leurs maisons parce qu’elles étaient en mauvais état. Maintenant, grâce au projet, ces personnes peuvent rester tranquilles chez elles. Ce sont des maisons solides, bien construites, surtout avec les techniques améliorées que nous avons employé dans les maisons. C’est une partie importante du projet.
A titre d´exemple, je citerais le cas de Marie Françoise. Avec le passage du Goudougoudou (tremblement de terre du 12 janvier 2010), depuis 9 ans elle n´avait plus de maison. Elle vivait sous des prela, des bâches en plastique ; c´était très grave. Aujourd’hui, elle a une jolie maison, elle dort très bien la nuit et n´a plus aucune crainte. C´est très bien !
Les autorités locales nous ont félicités pour ce que nous avons accompli. Même les notables nous ont salués ! Mais pour moi et l’Ojucah, c’est la reconnaissance de la communauté qui nous encourage le plus. L’Ojucah est reconnue comme une grande organisation ici. L’impact du projet est très fort, c’est comme un cadeau de Dieu !
Le projet a pris tellement d´importance qu’il y a un nombre croissant de demandes d’aide à l’Ojucah pour des maisons. Si vous participez à nos assemblées générales, vous verrez que beaucoup de nouvelles personnes participent aux réunions dans l’espoir que l´Ojucah construise des maisons !
Il est vrai que le nombre de personnes qui ont besoin d’une aide pour leur logement et qui le méritent paraît infini. Pour notre communauté, le problème du mal-logement, c’est un défi immense. Mais je pense qu’avec nos partenaires internationaux tout d’abord puis par nous-mêmes, nous pourrons le résoudre. Dans l’immédiat, nous appliquons les techniques d’enquête et de diagnostic social et technique que nous avons apprises dans le cadre d´Action Pour l’Habitat. C’est une grande avancée ; cela nous permet d’aider les plus défavorisés en priorité et de faire au mieux avec nos capacités financières et humaines.
Autrefois, nous travaillions uniquement à Lavial. Au fur et à mesure, nous avons mené des actions à Brésilienne et sur Bainet, puis à Musac. En 2020, nous intervenons aussi à Denar et à Ternier… C´est formidable ! À l´avenir, nous serons peut-être à Jacmel ou même à Port-au-Prince ! Avec l´Ojucah, vous n´allez pas du tout être déçus… »