El Potrerillo, Usulútan – El Salvador
“L’entraide mutuelle est une force puissante”
construction de maisons en quincha, production d’adobes, construction de cuisinières écologiques
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En 2020, Esperanza a travaillé à la réparation de 14 maisons, dont 2 réhabilitation en bahareque. Elle a également participé à la construction d’un centre communautaire de 80 m² en quincha, à El Potrerillo.
- Interview de Carmen par Fundasal : https://youtu.be/VdSgIlwcN98
- Interview de Carmen par Red MAK : https://fb.watch/90ThsPFvA1
- Vidéo « Expertas de la construccion » : https://youtu.be/K-9qmot9VTY
Femme de conviction et d’engagement, Esperanza a décidé de se présenter aux élections municipales en 2021 !
Je suis née ici, à El Potrerillo. Mais quand il y a eu le tremblement de terre, notre maison s’est effondrée. J’ai été hospitalisée et nous avons dû partir à San Salvador.
Nous ne sommes revenus à El Potrerillo qu’en 2006. Avec mon mari, nous avons construit cette maison en adobe mais elle n’était pas très résistante… Quand il y a eu de nouveau un séisme, en 2015, les murs se sont fissurés, des pans de mur sont tombés. La maison a trop souffert…
Les femmes bâtisseuses d’El Potrerillo
Avec le projet Action Pour l’Habitat, plus de femmes ont acquis de meilleures connaissances sur la façon de faire de l’adobe renforcé. Nous avons appris à prendre des mesures de construction, nous avons aussi appris les techniques de quincha. Nous avions déjà construit en terre, mais nous avons énormément appris sur ces techniques de construction traditionnelles. On s’intéresse aussi à la construction de latrines, de toilettes sèches, car c’est important pour l’environnement et notre santé.
Même si on avait déjà une expérience de la construction avec différents matériaux, on apprend beaucoup de choses sur les chantiers, sur le terrain. Par exemple, nous avons fait des adobes à Chalatenango, en une journée. Nous faisons le mélange avec de l’eau, de la terre et des aiguilles de pin. Ici, on utilise plutôt du zachate, de la paille.
Moi, avec les formations, j’ai aussi appris sur l’entraide, le système d’aide mutuelle. Tous les jours de 7 heures à 15 heures, nous travaillons simultanément sur plusieurs maisons. Même si en parallèle, nous continuons à assumer les corvées domestiques.
Dans la construction, on apprend beaucoup car on est curieux ; ça ouvre l’esprit. On acquiert une grande expérience, même si on a parfois besoin que quelqu’un nous guide dans le travail pour que les constructions soient plus résistantes.
Les femmes qui ont participé sont maintenant plus autonomes.
La force du collectif
Nous avons terminé la construction des premiers prototypes. Certains en adobe, d’autres en béton. Le plus difficile pour nous était que nous n’avions pas la culture du travail collectif. Dans la communauté, nous ne sommes pas habitués au système d’entraide mutuelle et certains ne se sont donc pas impliqués. Mais ça change ; nous commençons à organiser le travail en commun. Il faut éduquer les gens à travailler ensemble, parce qu’on n’a pas conscience des avantages que l’entraide mutuelle peut apporter à la communauté.
Un combat pour l’égalité
J’ai également participé à un congrès d’empowerment, de renforcement des capacités, là-bas, à San Salvador.
Parmi les difficultés que rencontrent les femmes ici, c’est que les institutions ne les soutiennent pas, elles ne leur permettent pas de se former. Elles devraient reconnaître que nous sommes tout à fait capables et devraient nous encourager et engager les femmes qui ont les capacités et les connaissances nécessaires.
Une autre difficulté est le machisme des hommes. Ils disent toujours que nous ne sommes pas capables de faire ce qu’ils font. Parfois les hommes nous marginalisent. Ils nous disent « non, tu ne peux pas le faire, tu n’en es pas capable ». Il faut commencer par éduquer les hommes pour qu’ils nous fassent confiance et que nous leur montrions que si, nous pouvons le faire. Il y a des femmes qui sont peu sûres d’elles ; nous devons prendre de l’assurance et nous émanciper. Ce sont aussi des barrières que nous nous imposons nous-mêmes. Or si j’ai été capable d’élever des enfants, je suis capable de faire n’importe quel travail !
Avec le projet, plus de femmes sont parvenues à plus d’autonomie.
L’avenir de la communauté
J’espère que l’accès à notre village sera plus facile. A l’heure actuelle, il est très mauvais et ça nous limite beaucoup, ça entrave nos projets et empêche la communauté de progresser. Malgré tout, j’imagine que notre village sera plus beau, avec une bonne route, et avec nos jolies maisons, plus esthétiques et plus sûres qu’avant.
A la fin du projet, nous souhaitons que les gens imitent la quincha, s’inspirent de ce type de technique avec lequel nous construisons nos maisons. Elles ont beaucoup de qualités !
Notes :
- Quincha : technique de construction en terre avec une armature bois ou bambou et un remplissage en paille et barbotine (argile et eau).
- Adobe : briques de terre crue séchées au soleil
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