Résumé

Chaque semaine, pendant 1h30, de jeunes migrants isolés ou jeunes issus de familles en migration ont la possibilité de participer à des ateliers de français qui leur permettent de s’exercer à l’oral et à l’écrit sur un thème. Les thèmes font travailler des points de langue qu’ils peuvent réutiliser dans leur quotidien. Le format de l’atelier essaie de les mettre à l’aise, d’encourager leur prise de parole. Les ateliers sont plutôt thématiques que progressifs.

Problèmes spécifiques auxquels répond la bonne pratique

L’isolement et la période de latence entre l’arrivée en France et le début de la scolarisation. Pendant ce temps intermédiaire, les jeunes n’ont souvent pas accès à des activités qui les stimulent pour sortir de leur vécu difficile. Ils ne maîtrisent pas encore le français, à l’oral et/ou à l’écrit. Ils peuvent rencontrer des difficultés dans leur quotidien pour commencer à s’insérer et être à l’aise en société.

Objectifs, finalités, valeurs

Sensibilisation au lieu intermédiaire qu’est la bibliothèque, sensibilisation aux ressources et outils de la bibliothèque qui leur sont adaptés ; sensibilisation à la culture d’accueil ; appropriation de la langue pour l’intégration/insertion sociale ; scolarisation de certains jeunes.

Coût / Difficulté de mise en œuvre

Faible

Zone(s) géographique(s) où elle a été mise en œuvre

Bibliothèques de Pantin (Est Ensemble), Ile-de-France, France

Périodes d’élaboration et de diffusion

Création : novembre 2017 / mise en œuvre : de novembre 2017 à l’été 2018 / bonne pratique pas encore diffusée

Personnes/organismes qui ont collaboré à son élaboration et à sa diffusion

Les bibliothèques de Pantin et Habitat-Cité

Organismes/personnes partenaires ou en lien

MSF-France, CIO de Pantin (orientent les jeunes vers la bibliothèque)

Personne(s) référente(s)

Didier Legall (Est Ensemble), Annabella Orange (Habitat-Cité)

Activité(s) de référence

Accueils du vendredi matin à la Bibliothèque Elsa Triolet

Contexte du terrain

Les jeunes sont des MNA ou les enfants de familles migrantes installées dans la région. Accueillis par MSF ou le CIO, qui les orientent vers les ateliers pour leur intégration par la langue. Ils ont vraisemblablement connu des situations (politique, économique…) difficiles. Certains sont accompagnés pour être scolarisés. Ils peuvent manquer de confiance en eux, et/ou parfois peuvent avoir des blocages par rapport à la langue d’accueil. Ils peuvent ne pas venir à toutes les séances.

Domaine(s) d’action dans lesquels elle s’inscrit

Accueil, accompagnement, suivi de migrants – sensibilisation/accès à la culture – insertion sociale, scolarisation – enseignement/apprentissage du français langue étrangère

Type de destinataire

Bénéficiaires

Cadre des équipes auxquelles elle est destinée

Bibliothécaires, animateurs, éducateurs, salariés/bénévoles de projets d’accueil / d’insertion (linguistique, sociale…), enseignants de français, …

Bénéficiaires auxquels elle est destinée

Adolescents (âge d’être au collège ou au lycée) ou jeunes adultes, originaires de pays autres que la France, de langues maternelles diverses (certains ont le français comme langue seconde ou de scolarisation mais ce n’est pas leur première langue)

Résultats et impacts envisagés

Les apprenants ont davantage envie ou de plaisir à parler/comprendre la langue d’accueil, écrire et lire ; ils ont davantage confiance en eux ; ils se repèrent mieux dans leur espace social, ils sont plus autonomes ; ils vont à la bibliothèque en-dehors des séances ; ils sont capables d’utiliser les ressources de la bibliothèque ; leur niveau oral/écrit a progressé

Indicateurs de suivi, de réussite, de transformation du terrain

Régularité des présences ; présence à la bibliothèque en dehors des accueils ; emprunt de livres ; réutilisation de choses vues aux précédentes séances ; fréquence de participation spontanée ; sourires, rires (dépend des cultures) ; prise de note autonome ; ne fait pas autre chose pendant l’atelier ; peut répondre aux consignes et aux questions simples ; moins de confusion entre certains sons ; éventuellement, faire un petit questionnaire (traduit en plusieurs langues et imagé) entre plusieurs séances ; participation aux sorties organisées autour des ASL

Difficultés à prévoir, points de vigilance

La composition du groupe se modifie en permanence, ce qui entraine des difficultés dans la préparation, nécessité d’adapter la séance. Des niveaux hétérogènes entre participants. Des cultures scolaires/une aisance à l’oral différentes (timidité, postures de désintérêt). L’animateur évite de brusquer les jeunes en retrait. Manque de confiance en eux, l’aspect “officiel” de la bibliothèque, peut les impressionner.
L’espace (surface restreinte de la salle) et sa configuration ne permettent pas d’accueillir dans de bonnes conditions les groupes constitués de plus de 10-12 participants.
Certains sujets ou certaines thématiques doivent être abordées avec précaution (problématiques familiales, conditions de migration, références au pays d’origine, etc.)

Cas où elle nécessite une attention particulière

Présence de nouveaux participants, certains en situation de grande précarité.
Présence de participants ne maitrisant pas la lecture ou l’écriture.

Cadre légal dans lequel elle est inscrite

Respect des règles entourant le statut de mineur (autorisations si une sortie est prévue, etc) et respect du règlement de la bibliothèque

Eléments transférables de la bonne pratique

Le partenariat avec la bibliothèque ; l’accompagnement par la langue de personnes isolées, qui rencontrent des difficultés d’intégration (non-alphabétisées par exemple) ; centrer l’atelier sur des thèmes ; astuces pédagogiques pour la gestion de groupe et le contenu (utilisation des livres, jeux, images…) ; valorisation, participation collective…

Terrains de transfert potentiels et critères

En Amérique Latine, contextes où des bibliothèques existent ; jeunes/adultes peu alphabétisés, exclus (échec scolaire, difficultés à chercher un emploi…) parce qu’ils ne maîtrisent pas bien l’écrit ; jeunes/adultes ne maîtrisant pas à l’oral la langue de l’école/du travail (langue maternelle différente) ; jeunes isolés et sans accès à la culture > l’exclusion par la langue

Modifications à éventuellement intégrer

Outils de diffusion utilisés

Plateformes sur internet, affiches à la bibliothèque ? pendant des colloques, rencontres

Idées de départ qui ont conduit à sa création

De septembre 2016 à juin 2017, le CIO de Pantin a accueilli 190 familles de personnes nouvellement arrivées sur le territoire français. Les familles, et plus précisément les jeunes en attente d’intégrer un établissement scolaire ou une formation, exprimaient une très forte attente en matière d’information, d’apprentissage du français et de socialisation. Les bibliothèques de Pantin ont ainsi souhaité mettre en place une action régulière, bien identifiée, permettant d’accueillir ces familles et de leur proposer un contenu répondant à leur besoin notamment en matière d’apprentissage du français langue étrangère.

Historique des actions qui ont été menées auparavant et qui ont participé à son élaboration

En France les ASL sont apparus dans la mouvance de dispositifs d’alphabétisation datant des années 1960, en parallèle de politiques d’accueil et politiques linguistiques, qui ont vu le jour notamment suite au contexte des mouvements de décolonisation. Comme le but est l’intégration “sociale” des migrants au quotidien, le format “atelier” (moins magistral qu’un “cours”), a été préféré. La présence des apprenants à chaque atelier étant irrégulière, le format thématique a été préféré à la progression sur les points de langue.

Divergences de points de vue sur la bonne pratique, thèmes en discussion

Coût du matériel nécessaire

1 (ou 4 si vidéoprojecteur)

Coût en ressources humaines

1 (une ou deux personnes suffit : un animateur et un accompagnateur/ bibliothécaire)

Niveau de difficulté

Facile-moyen-difficile (dépend de l’expérience de l’animateur et de la présence d’un bibliothécaire

Matériel nécessaire

Livres de la bibliothèque ; feuille de présence ; tables, chaises, tableau ou paperboard et feutres, crayons, feuilles (éventuellement : vidéoprojecteur et post-its géants)

Espace nécessaire

Espace ou salle où l’on peut communiquer et échanger ; salle sans trop de résonance ; salle où l’on peut se mettre en cercle

Nombre de promoteurs/trices

2 (mieux) ou 1, un nombre plus élevé est bienvenu surtout lorsque le nombre de jeunes est important

Connaissances nécessaires des promoteurs/trices

Connaître la langue-cible ; improviser et s’adapter ; anticiper et prévoir des activités de “secours” pour s’adapter ; être à l’aise en public ; (avoir quelques bases d’animation/gestion de groupe/ enseignement d’une langue ?)

Nombre de participants

Entre 2 et 12

Nombre de séances nécessaires

0 ou 1 (pour l’animateur, une séance d’observation préalable est utile ; les apprenants n’ont pas de première séance requise)

Duration de la réalisation

1h30, + 5-10 minutes de préparation du matériel sur place (et feuilletage des livres) + 5-10 min de rangement et point entre animateurs (et une heure ou deux de préparation en amont – supports, déroulé, imprimés, livres…)

Points positifs

Les accueils constituent de bons moments, conviviaux, durant lesquels des jeunes de toutes origines se mêlent, discutent, échangent, s’entraident. Pour les jeunes qui sont en famille, cela permet de les sortir du contexte familial. Pour les mineurs isolés, l’accueil est l’occasion de les extraire – pour un temps – des situations parfois extrêmement difficiles dans lesquelles ils se trouvent.
L’accès à la bibliothèque, via cet accueil régulier, est l’occasion pour eux de se familiariser avec un lieu ressource auquel ils pourront accéder tout le temps même si leur situation change (installation dans une autre ville par ex.).
Le petit point à la fin de chaque séance entre animateurs est utile. Transmettre le thème aux bibliothécaires quelques jours à l’avance aussi.

Points négatifs

*problème des jeunes qui ne sont pas scolarisés par la suite
*manque de retours. S’ils sont scolarisés ou si leur situation change, nous perdons le contact avec les participants. Il est difficile d’évaluer dans quelle mesure ces accueils leur sont utiles (pour certains participants réguliers, nous constatons une progression, pour les autres c’est plus difficile)

Recommandations pour l´avenir

Mieux organiser/coordonner la séance entre bibliothécaires et animateurs pour laisser du temps à la présentation des ressources de la bibliothèque auprès des nouveaux jeunes

Contacts pour échanger et autres outils de collaboration